Alors que j’étais une enfant de 15 mois, après trois semaines de coma et sans que les médecins puissent vraiment l’expliquer, mon cœur s’est remis à battre sans respirateur artificiel. Je fus alors considérée comme une « miraculée » dans ce service hospitalier. Dix années d’hospitalisation ont dû être nécessaires pour qu’un rythme de vie normal devienne possible.
Dans ces années-là, aucun bénévole me visita sinon ma grand-mère paternelle. Comme ils avaient déjà deux autres enfants, il n’était pas toujours possible à mes parents de venir chaque jour à l’hôpital. Ma solitude était grande ! Je ne parlais guère, à tel point que ma mère m’avoua des années plus tard : « Je ne connaissais pas le son de ta voix, ma fille ! ». Pourtant, une infirmière devint pour moi comme une mère que j’allais jusqu’à appeler maman. Ce lien social indispensable au développement de tout être humain a été pour moi le moyen de ne pas être trop déconnectée de la vie dite « normale ».
Malgré un début de vie somme toute peu banal, je pus, avec l’aide de ma famille et d’un professeur en particulier, avoir le privilège de me construire émotionnellement, socialement et intellectuellement. Je pus choisir mon métier : professeur de musique, et des années plus tard, rendre gloire à Dieu pour le souffle de vie qu’Il avait déposé et maintenu en moi.
Lors de mon hospitalisation en 2011, j’ai reçu de nombreuses visites et cela m’a profondément touchée. La famille et les ami(e)s, chacun selon ses possibilités, ont manifesté leur chagrin de me savoir à l’hôpital. J’étais loin de m’imaginer que ce temps mis à part allait bouleverser toute ma vie ! En effet, c’est au travers d’un texte biblique que Dieu a attiré mon attention.
« Car j’ai eu faim, et vous m’avez donné à manger, j’ai eu soif, et vous m’avez donné à boire, j’étais étranger, et vous m’avez recueilli, j’étais nu, et vous m’avez vêtu, j’étais malade, et vous m’avez visité, j’étais en prison, et vous êtes venus vers moi. Je vous le dis en vérité, toutes les fois que vous avez fait ces choses à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous les avez faites. » (Matthieu 25 : 35-36 et 40)
Alors que je sortais de cette période d’hospitalisation, j’ai ressenti une grande joie : Oui, c’est cela que je veux faire ! J’ai dû démissionner de certains engagements pris dans d’autres activités afin de me consacrer totalement au service des autres par le biais de visites à l’hôpital ainsi qu’à domicile. Et tel est dorénavant mon objectif. Ma vocation ne venait pas de naître mais elle s’est révélée à moi. J’avais tout simplement l’expérience pour visiter les malades à l’hôpital ! L’étape suivante a été de me proposer comme bénévole dans cet hôpital même ou j’ai été opérée. C’est ainsi qu’est née l’association « Visiteurs Sans Frontières ».
